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Page:Sand - Tamaris.djvu/34

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retrouver et reconstruire tout le plan des travaux et ramasser des débris de forge et de projectiles. En face de nous, à portée de boulet, nous apercevions le fort à travers les branches ; un peu plus loin, d’énormes blocs de quartz portés par des collines vertes avaient été soulevés par la nature dans un désordre pittoresque ; puis, à la lisière du bois, une vallée charmante d’un aspect sauvage et mélancolique que le soleil bas couvrait d’un reflet violet ; les montagnes, la mer au loin ; autour de nous, un troupeau de chèvres d’Afrique couleur de caramel, gardées par une belle petite fille de cinq ans, qui, chose fantastique et comme fatale, ressemblait d’une manière saisissante à une médaille du premier consul.

— Impératrice romaine, m’écriai-je, que diable faites-vous ici ?

— Elle s’appelle Rosine, répondit la mère de l’enfant en sortant des bruyères.

— Et comment s’appelle l’endroit où vous êtes ?

— Roquille.

— Et la batterie ?

— Il n’y a pas de batterie.

— Personne ne vient se promener dans ce bois ?

— Personne ; mais on vient là-bas chez moi pour boire de bon lait ; en souhaitez-vous ? Tenez, voilà une chèvre blonde qui me rapporte un franc par jour. Croyez-vous que c’est là une chèvre !

Le jour tombait, nous nous fîmes montrer un