Aller au contenu

Page:Sand - Tamaris.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’elle rentrât. Il était désappointé, un peu rêveur, aussi contrarié que le permettait son caractère ouvert et riant.

— Il n’est pas possible, lui dis-je, que le regret de n’avoir pas vu cette inconnue vous pénètre à ce point. Cette aventure-là en cache une autre, n’est-ce pas ?

— Ma foi, non ! répondit-il. Parlons de la batterie des hommes sans peur.

— Ah ! bien, c’est-à-dire ne me faites pas de questions !

Deux jours après, M. Aubanel, l’avoué, que je consultais pour ma vente, et qui était précisément le propriétaire de la bastide Tamaris, m’engagea à ne pas vendre mon terrain à mademoiselle Roque, la fille naturelle de mon défunt parent. Il motiva ce conseil sur ce que la pauvre héritière était bien capable de se faire illusion sur ses ressources, mais non de jamais rembourser.

Il m’est si odieux de me faire faire droit au préjudice d’une personne gênée, tant d’occupations plus intéressantes pour moi me rappelaient dans ma province, que j’eusse, à coup sûr, abandonné tout à mademoiselle Roque ou à mon ami la Florade, si cette mince affaire n’eût concerné que moi ; mais ma famille, fière et discrète, était pauvre. Mon père n’était plus, et ma mère rêvait de ces quinze mille francs pour doter ma jeune sœur. Tout est relatif ; cela avait donc de l’importance pour nous, et je ré-