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Page:Sand - Tamaris.djvu/39

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— Comment se nomme-t-elle ?

— Qui ?

— La batelière qui vous fait roi ?

— Il n’est pas question d’elle. Parlez-moi de la voisine à Pasquali. Quel âge ?

— Quarante-cinq ans, répondis-je pour me divertir de son désenchantement.

— J’y perdis ma peine.

— Quarante-cinq ans, c’est beaucoup, si elle les a, reprit-il ; mais, si elle a vingt-cinq ans sur la figure, c’est comme si elle les avait sur son acte de naissance.

— Comme vous prenez feu, mon petit ami ! Je vois que vous êtes comme tous ces rassasiés que vous méprisez tant. La plus belle des femmes est pour vous celle que vous rêvez.

— Oh ! ma foi, non, je vous jure que non ! La plus belle est celle qui me plaît ; mais, si vous êtes peintre, ce n’est pas ma faute ! Si vous me montrez un portrait qui me tourne la tête ! On peut s’éprendre à la folie d’un portrait. Cela se voit dans tous les contes de fées, et la jeunesse se passe dans le pays des fées. J’irai demain à Tamaris. Je suis sûr que Pasquali jure après moi, parce que je l’abandonne !

Le lendemain, il était à Tamaris ; il en revint sans avoir aperçu la dame. Elle était partie dès le matin en voiture, avec son enfant, pour une promenade dont M. Pasquali ignorait le but. Les devoirs du service ne permettaient pas à la Florade d’attendre