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Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/22

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FRANCINE.

Ou bien c’est le vent qui a emporté les noisettes et poussé la barque.

ANDRÉ, sortant.

Oh ! toi, grande sotte, tu ne veux rien croire, rien comprendre ! (Sortant.) C’est vrai, ça, elle est plus sotte !…


Scène II

FRANCINE, seule.

C’est drôle, ces histoires de drac ! Ça n’est pas vrai, et j’en suis fâchée ! Je voudrais y croire ! ce serait si gentil d’avoir comme ça un petit ami, pas plus gros qu’un oiseau, qui ferait tout ce qu’on souhaite… qui s’en irait au loin, aussi vite qu’une hirondelle, vous chercher des nouvelles de ceux qu’on aime !… J’y pense tout de même, au drac ; mais c’est égal, je n’y crois pas. Il y en a qui disent — mon père croit ça aussi — que, quand on brûle une herbe, ça les fait venir. Quelle herbe ? Je ne la connais pas, moi ! Ils appellent ça l’herbe aux dracs… C’est peut-être bien celle-là que mon père a rapportée hier du cap Mouret, et qu’il a attachée là, dans la cheminée. Il n’a voulu me rien dire… Ça serait-il drôle, si ça le faisait entrer tout d’un coup par la fenêtre, ou bien descendre par le tuyau de la cheminée !… Ah ! je sais bien ce que je lui commanderais ! (Elle a pris machinalement quelques brins d’herbe sèche.) Quand on a du chagrin, on s’imagine toute sorte de folies ! (Elle les brûle.)


Scène III

LE DRAC, FRANCINE.
LE DRAC.

Bonjour, Francine.

FRANCINE, effrayée.

Ah ! mon Dieu ! d’où sort-il, celui-là ? Il m’a fait peur !… C’est toi, Nicolas ?