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Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/294

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ERGASTE.

L’horloge des Ursulines a sonné trois heures, ta sœur la religieuse ne viendra plus aujourd’hui.

MARIELLE.

On ne lui aura point permis de sortir, et l’on ne me reçoit point au parloir. Allons, je m’en irai d’ici sans lui avoir serré la main une dernière fois ! Si nous lisions ensemble ce manuscrit ? Nous ne partons que dans deux heures ; nous allons tout d’une traite de Turin à Grenoble. Il nous faut représenter une pièce nouvelle le jour même de notre arrivée. Nous aurons à peine le temps de vêtir nos costumes.

FLORIMOND.

C’est bien votre faute, Marielle ! nous devions partir plus tôt. On dirait que vous ne pouvez point vous arracher de Turin, cette fois-ci !

MARIELLE.

Peut-être que l’âge se fait sentir et me rend paresseux.

FLORIMOND, à Ergaste.

Je crains plutôt un retour de jeunesse ! (Haut.) Mon sentiment est que nous pressions notre départ, afin de nous reposer un peu à mi-chemin. Là, nous lirons et essayerons la pièce.

ERGASTE.

L’avis serait bon, n’était qu’en voyage tu songes trop à la chasse pour vouloir lire quoi que ce soit.

FLORIMOND.

C’est bien à toi de parler ! toi qui ne soupires qu’après la pêche ! Le sot divertissement !

ERGASTE.

Mais la pêche…

FLORIMOND.

Mais la chasse…

MARIELLE.

Mais le théâtre, mes amis ! il y faudrait songer un peu. C’est au moment de rentrer en France qu’il ferait bon nous remettre en mémoire les manquements que l’on nous a reprochés en ce pays-là. Ici, en Italie, on excuse beaucoup de