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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/197

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une certaine saveur comme la douceur du sucre, une certaine couleur comme le vert d’une prairie, un certain son comme le son produit par un diapason d’une certaine description, et ainsi de suite.

De cette manière, il devient évident que les propositions expriment des faits dans le monde en parlant d’objets et de leurs propriétés et relations externes. Et ce serait une grave incompréhension de nos déclarations si vous pensiez que les propositions peuvent parler de structures logiques ou les exprimer dans le même sens que nous parlons d’objets et exprimons des faits. À proprement parler, aucune de nos phrases sur la feuille verte n’exprime la structure interne de la feuille verte ; néanmoins, elles la révèlent d’une certaine manière, ou — pour utiliser le terme de Wittgenstein — elles la font apparaître. La structure du « vert » se manifeste dans les différentes possibilités d’utilisation du mot « vert », elle est révélée par sa grammaire. Une langue n’exprime évidemment pas sa propre grammaire, mais elle se manifeste dans l’utilisation de la langue.

Tous les énoncés que l’on peut faire dans n’importe quelle langue sur la couleur de notre feuille ne parlent que de ses propriétés et relations externes. Ils nous disent où la trouver (c’est-à-dire quelle position elle occupe par rapport à d’autres choses), comment elle se distingue de la couleur d’autres objets, dans quelles circonstances elle peut être produite, et ainsi de suite — en d’autres termes, ils expriment certains faits dans lesquels le vert de la feuille entre en tant que partie ou élément. Et la façon dont le mot « vert » apparaît dans ces phrases révèle la structure interne de cette partie ou de cet élément.

8. L’Inexprimabilité du contenu.

S’il est vrai que les phrases verbales, les propositions de notre langage parlé, ne peuvent communiquer que la structure logique de la couleur verte, elles semblent alors incapables d’exprimer la chose la plus importante à son sujet, à savoir cette qualité ineffable de la verdeur qui semble constituer sa nature même, son essence véritable, en bref, son Contenu. Ce contenu n’est évidemment accessible qu’aux êtres dotés de la vue et du pouvoir de perception des couleurs, il ne saurait être transmis à un aveugle de naissance. Faut-il en conclure qu’un tel individu ne pourrait comprendre aucune de nos affirmations sur la couleur de la feuille, qu’elles doivent être dénuées de sens pour lui puisqu’il ne pourra jamais posséder le contenu dont elles révèlent la structure ?