Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/203

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9. Pourquoi le contenu est-il inexprimable ?

J’imagine que les débutants en philosophie (mais, à bien y réfléchir, peut-on être plus que débutant en philosophie ?) peuvent encore douter de nos affirmations, et il serait naturel qu’ils demandent : « Vous faites des affirmations très catégoriques, mais doivent-elles vraiment être vraies ? Comment savez-vous que le contenu ne pourrait pas être exprimé après tout, si l’on s’y prenait de la bonne manière ? Pourquoi ne pourrait-on pas découvrir à l’avenir un moyen de le faire ? Même si c’est impossible pour les êtres humains, cela ne pourrait-il pas être réalisé par des êtres aux pouvoirs intellectuels plus élevés ? Peut-être s’agit-il d’une erreur, et un meilleur philosophe nous donnerait-il une autre conviction ? Où est donc votre preuve définitive ? »

Je réponds qu’aucune preuve n’est nécessaire, car je n’ai rien affirmé qui puisse être cru ou mis en doute. Notre « affirmation » de l’inexprimabilité du Contenu est un simple truisme, elle peut être considérée comme une tautologie ; et une tautologie, à proprement parler, n’affirme rien. Elle ne transmet aucune connaissance. En fait, je ne prétends pas vous transmettre une quelconque connaissance lorsque je dis que le contenu ne peut pas être exprimé, j’essaie seulement d’être d’accord avec vous sur la manière dont nous utilisons nos termes, en particulier le mot contestable de « contenu » lui-même. C’est, si l’on peut dire, une question de définition. L’inexprimabilité n’est pas une propriété accidentelle du contenu que nous découvrons avec surprise après l’avoir connu pendant un certain temps, mais nous ne pouvons pas le connaître sans savoir que cette propriété appartient à sa nature même.

Toutes les connaissances que nous avons acquises jusqu’à présent l’ont été simplement en considérant attentivement ce que nous voulons dire lorsque nous utilisons le terme « expression ». L’expression implique deux faits : celui qui exprime et celui qui est exprimé. Le premier est une sorte d’image du second, il répète sa structure dans un matériau différent. Une image doit différer de l’original d’une manière ou d’une autre, sinon ce ne serait pas une image du tout, mais simplement l’original lui-même, ou peut-être une copie exacte de celui-ci. Or, dans certains cas, l’image sert de substitut à l’original, nous préférerions avoir l’original, mais comme pour une raison ou une autre il est inaccessible, nous devons nous contenter d’une image (comme un amoureux qui embrasse la photo de sa bien-aimée pendant son absence) ; mais il y a aussi d’autres cas où nous ne tenons pas du tout à l’original — il peut même être en notre possession —, mais où nous voulons