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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/208

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la personne qui la perçoit) doit être considérée comme beaucoup plus sûre et plus précise que la présentation d’un échantillon ou de l’objet coloré lui-même, car ce dernier peut avoir subi toutes sortes de changements lorsque nous ne le regardions pas (ou, d’ailleurs, même lorsque nous le regardions), et l’état physiologique de la personne qui le perçoit peut ne pas être du tout ce que nous attendions qu’il soit. Le langage des échantillons de couleurs ne peut être compris que par des personnes ayant une vue normale, il produira une certaine perception des couleurs dans leur esprit, mais il ne leur « communiquera » aucun « contenu de couleur ».

Nous pouvons donc dire en conclusion que nous avons besoin de la langue pour communiquer, qu’il n’y a pas moyen d’y échapper et que, par conséquent, il n’y a pas de possibilité de « communiquer un contenu ». Nous pouvons introduire des échantillons dans notre langage, c’est-à-dire parler de couleurs à propos de couleurs, de sons à propos de sons, etc… mais le contenu refuse d’y entrer. Dans la mesure où un échantillon peut communiquer quelque chose, il ne le fait pas par son contenu, mais parce qu’il est utilisé comme un symbole (c’est-à-dire comme quelque chose dont la signification doit être indiquée) et qu’il fonctionne de la même manière que tous les symboles. Les signes restent des signes, quelle que soit la manière dont nous fixons leur signification. Nous pouvons relier le symbole à l’objet que nous voulons qu’il symbolise en les pointant tous les deux simultanément, ou en convenant que le signe doit présenter une similitude bien définie avec son objet (comme dans le cas des « échantillons » ), ou d’une autre manière : dans tous les cas, il s’agit entièrement d’une question d’accord arbitraire.

Aucun fait ne peut être une « expression » si ce n’est par accord. Rien n’exprime quoi que ce soit en soi. Aucune série de signes, qu’il s’agisse de sons humains, de marques sur du papier ou de tout autre élément naturel ou artificiel, n’est une « proposition » par sa seule nature, si l’on entend par ce mot quelque chose qui « dit » quelque chose ou qui a un « sens ». Une série de signes ne peut devenir une proposition qu’en vertu d’un accord qui attribue une signification aux signes individuels et une grammaire à la manière dont ils sont combinés.

12. Sur la « similitude de qualité ».

À plusieurs reprises, au cours des considérations qui précèdent, j’ai dû avertir le lecteur que je ne m’exprimais pas correctement et lui en demander pardon. Nous allons maintenant examiner un des cas les plus importants où notre langage a été imparfait, et voir ensuite, d’une manière générale, comment nous pouvons nous garder de tomber dans l’erreur à cause de ces imperfections.