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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/209

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Nous avons continuellement parlé de « contenu » (bien que souvent avec une certaine hésitation) et nous avons discuté de la possibilité que deux esprits distincts fassent l’expérience du « même » contenu. Il est généralement admis — sur la base d’arguments tels que ceux présentés dans la section 8 — qu’il est à jamais impossible de savoir si deux personnes ont ou non les mêmes « données de conscience » dans leur esprit ; en même temps, on croit généralement que deux données dans des esprits différents doivent être soit semblables, soit non semblables, et que la question concernant leur similitude a un sens précis, bien que, malheureusement, on ne puisse y répondre avec une certitude absolue. On ajoute généralement que la réponse ne peut être obtenue qu’avec un haut degré de probabilité, car la similitude ou la diversité des états mentaux de différents individus « ne peut être observée directement, mais doit être déduite par analogie ».

Que penser de ces opinions actuelles ? Elles me semblent exprimées de manière très ambiguë, et il est nécessaire d’être parfaitement au clair sur le sens que l’expression « similitude de qualité » peut avoir dans ces affirmations. Je pense qu’il est parfaitement légitime de dire que deux individus éprouvent des sentiments ou des qualités de sensation « identiques » ou « différents », à condition que la véracité ou la fausseté de ces affirmations puisse être testée. Ces tests sont effectués par le physiologiste, qui peut examiner et comparer les capacités perceptives de différents individus. Il découvre, par exemple, que la plupart des gens réagissent différemment (par exemple, en prononçant des paroles) lorsqu’ils sont confrontés à deux nuances de couleurs différentes, mais qu’un certain pourcentage d’individus ne peut pas réagir différemment dans les deux cas. Ces derniers sont appelés « daltoniens » par le physiologiste ; il dit que la qualité de leur perception sensorielle n’est pas la même que celle des personnes ayant une vue normale. Il a parfaitement raison de soutenir cela, et son affirmation n’est nullement fondée sur une déduction par analogie, c’est un jugement empirique du même type de validité que n’importe quelle proposition en chimie ou en physique. Elle affirme l’existence de certaines structures dans la personnalité des individus en question : il y a une différence dans la multiplicité des réactions entre un daltonien et un normal, il y a une plus grande variété dans les perceptions d’un individu normal, et ceci est, bien entendu, une propriété purement formelle. C’est tout ce que l’on peut dire, et rien d’autre n’est dit par la proposition « les qualités des sensations dans les deux cas diffèrent de telle ou telle manière ». Le système