Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/210

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des couleurs est plus compliqué chez une personne normale que chez un daltonien, les relations internes sont moins simples, et il s’agit d’une différence de structure.

Les affirmations du physiologiste sont donc des constatations ordinaires et contiennent tout ce que l’on peut dire sur les qualités. Si ces affirmations ne peuvent être faites avec une certitude absolue mais seulement avec un degré de probabilité plus ou moins grand, ce n’est pas parce que les qualités « ne peuvent être observées directement mais doivent être déduites par analogie », mais c’est parce que ces affirmations partagent le sort de toutes les affirmations empiriques : les observations sur lesquelles elles sont basées ne sont jamais complètes et toujours sujettes à erreur, elles peuvent être corrigées par des investigations ultérieures et peut-être plus minutieuses sur les réactions des mêmes individus.

Ces réactions révèlent la structure des perceptions sensorielles, et tout ce qu’il est possible de dire sur leurs qualités peut être dit en termes de ces réponses. Dès que vous essayez d’en dire plus, dès que vous pensez qu’il y a quelque chose de plus à dire, à savoir sur le « contenu » des qualités, vos affirmations ne deviennent pas moins probables ou plus hypothétiques, mais elles cessent d’être des affirmations, le mot « qualité » est tout simplement devenu vide de sens, vous n’en faites pas un usage intelligible. La raison en est qu’aucune série de mots ne formera réellement une proposition, n’aura de sens réel, à moins que nous puissions indiquer un moyen de tester sa vérité, au moins en principe. Cela sera expliqué plus loin (section 14) ; pour l’instant, nous nous contentons de dire que les déclarations sur l’Unité ou la Diversité des Qualités ne doivent en aucun cas être interprétées comme traitant du Contenu. Comme toutes les autres propositions, elles expriment les faits qu’elles communiquent en montrant leurs structures ; le contenu n’est en aucune façon abordé.

Ce n’est pas parce que le contenu était trop difficile à atteindre, ou parce que la bonne méthode pour l’étudier n’avait pas encore été trouvée, mais simplement parce qu’il n’y a aucun sens à poser des questions à son sujet. Il n’y a pas de proposition sur le contenu, il ne peut pas y en avoir. En d’autres termes : il serait préférable de ne pas utiliser le mot « contenu », il n’est pas nécessaire, et ma seule excuse pour l’avoir utilisé (même dans le titre de ces conférences) est que ce chemin interdit m’a semblé être la manière la plus facile d’amener le lecteur à un point qui lui permettra d’avoir une première vue du terrain qui s’offre à lui. Il pourra alors faire demi-tour et retrouver le bon chemin qui l’amènera effectivement à