Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/211

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vers la terre promise. Par commodité, je continuerai à utiliser le terme « contenu », mais le lecteur comprendra qu’une phrase dans laquelle ce mot apparaît ne doit pas être considérée comme une proposition sur une chose appelée « contenu », mais comme une sorte d’abréviation d’une phrase plus compliquée dans laquelle le mot n’apparaît pas.

13. Communication avec soi-même.

Je ne me flatte pas d’avoir levé tous les doutes sur la justice de nos rapports avec le « contenu ». Je peux imaginer que vous puissiez admettre la validité de mes arguments et continuer à penser qu’il y a des cas où « similitude de qualité » doit signifier « similitude de contenu ». Vous me demanderez : Qu’en est-il de la comparaison de qualités perçues par une seule et même personne ? Nos considérations précédentes ne semblent pas s’appliquer ici. Si je déclare que la feuille que je vois aujourd’hui a la même couleur que celle que j’ai vue hier, ou peut-être même la même couleur que celle qui se trouve à côté d’elle en ce moment : n’ai-je donc pas affaire à une qualité dans un sens plus profond et plus intime que celui de la « simple » structure ?

Je réponds qu’il y a sans doute une grande différence dans le sens du mot « même » quand il est employé à propos de « données dans deux esprits » et quand il est employé à propos de « données dans un esprit », mais que cette différence ne peut pas être décrite en disant que le mot dénote l’égalité de structure dans le premier cas et l’égalité de contenu dans le second cas. Les propositions sont vérifiées de manière différente dans les deux cas, elles expriment des faits différents, mais la seconde est tout aussi loin d’exprimer un « contenu » que la première, et même infiniment loin.

Cela devient clair dès que l’on se rend compte que le point principal de notre raisonnement (qui consistait à considérer l’incommunicabilité comme le critère de l’inexpressivité) reste applicable même si l’on se limite à la considération d’un seul esprit.

Il serait erroné de supposer que l’on ne puisse parler de communication sans qu’il y ait au moins deux individus impliqués, et entre eux une sorte de lien causal par lequel un message pourrait être transmis. Si c’était le cas, toute notre argumentation présupposerait certains faits empiriques, comme l’existence de personnes différentes et de relations particulières entre