Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/212

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elles ; mais en réalité, nous ne faisons aucune hypothèse d’aucune sorte, notre raisonnement ne repose sur aucun présupposé concernant le monde réel. Toute véritable philosophie (comme je serai amené à le rappeler plus tard) évolue entièrement dans le domaine des possibilités — des possibilités qui, bien sûr, seront toujours suggérées par des réalités, mais qui peuvent être considérées tout à fait indépendamment de leur réalisation.

Dans notre cas, ce que nous avons dit de la possibilité d’expression reste parfaitement valable dans un univers qui ne contient aucun être vivant à part moi (nous ne discuterons pas la question de savoir si un tel univers serait l’idéal d’un philosophe « solipsiste » ) ; je peux m’exprimer à moi-même et communiquer avec moi-même — en fait, je le fais chaque fois que je note quelque chose dans mon carnet de notes ou que j’enregistre quelque chose dans ma mémoire. En lisant ma note ou en me rappelant le fait dont je me suis souvenu, mon moi actuel reçoit une communication de mon moi antérieur. Mon carnet de notes et ma « mémoire » sont des véhicules qui transportent à travers le temps la description d’un fait ; la description consiste en une série de marques dont la signification doit être comprise, et il y a une possibilité de malentendu et de transmission erronée. La note de mon livre peut avoir été changée, ma mémoire peut me tromper.

Vous observez que pour l’essence de la communication, il est indifférent que le carnet soit ce que le métaphysicien appellerait « un simple rêve » ou qu’il possède ce qu’il pourrait appeler « une réalité objective ». Les marques qu’il contient, qu’elles soient « réelles » ou « imaginées » (quoi que cela puisse signifier) expriment quelque chose, que ce soit de manière correcte ou incorrecte.

Dès que nous essayons de déterminer si une proposition qui a ainsi été transmise d’un moi antérieur à un moi postérieur est vraie ou fausse, nous constatons que les méthodes que nous utilisons à cette fin consistent à comparer des structures et qu’il ne peut être question de contenu. Si je garde à l’esprit la couleur d’un objet vert, et que demain on me montre un autre objet et qu’on me demande s’il a la « même » couleur que le premier, ma mémoire donnera une réponse plus ou moins précise à la question. La question a un bon sens, bien sûr, mais peut-on dire qu’elle se réfère à une « similitude de contenu » ? Certainement pas ! Cela découle de la manière dont la réponse donnée par la mémoire est testée. En effet, dans un certain sens, nous devons admettre que notre mémoire peut nous « tromper ». Quand disons-nous qu’elle l’a fait ? S’il existe des méthodes pour tester son jugement, et si toutes ces méthodes ne parviennent pas à le vérifier. Ces méthodes sont les suivantes 1) regarder à nouveau l’objet en question et prendre