Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prendre en compte, sur des bases empiriques, la probabilité que sa couleur ait changé entre-temps ; 2) comparer mon jugement actuel avec une description que j’ai notée lors de la première observation ; 3) le comparer avec les descriptions données par d’autres personnes.

Le critère de vérité du jugement est l’accord de ces différentes propositions ; et si nous disons que la couleur est bien la même, que ma mémoire ne m’a pas trompé, nous ne voulons rien dire d’autre que cet accord formel entre les descriptions fondées sur la mémoire et sur l’observation. C’est entièrement une question de structures ; on ne peut pas parler d’une répétition ou d’une comparaison de « contenu ».

Si nous connaissions un cas où il n’y aurait rien d’autre avec quoi le jugement de notre mémoire puisse être comparé, nous devrions, dans ce cas, déclarer qu’il est impossible de distinguer entre une mémoire digne de confiance et une mémoire trompeuse ; nous ne pourrions donc même pas poser la question de savoir si elle est trompeuse ou non : il n’y aurait pas de sens à parler d’une « erreur » de notre mémoire. Il s’ensuit qu’un philosophe poserait une question dénuée de sens s’il demandait : « N’est-il pas possible que la couleur que je vois en ce moment me semble être verte, alors qu’en réalité elle est rouge ? La phrase « je vois du vert » ne signifie rien d’autre que « il existe une couleur dont je me souviens qu’elle a toujours été appelée verte ». Ce souvenir, cette donnée de ma mémoire, est le seul et unique critère de vérité de mon affirmation. Je m’en souviens ainsi, et c’est définitif ; dans notre cas supposé, je ne peux pas continuer à demander : est-ce que je me souviens correctement ? car je ne pourrais pas expliquer ce que je veux dire par une telle question.

Nous voyons donc que la question « le vert que je vois aujourd’hui est-il de la même couleur que le vert que j’ai vu hier ? » ne se réfère qu’à la structure de nos expressions et non à un contenu « vert » qui est supposé être au-delà. La similitude, l’égalité ne peuvent pas plus être prédites au contenu que n’importe quoi d’autre ne peut l’être ; et le cas de « deux données de conscience dans le même esprit à des moments différents » ne fait pas exception à la règle.

14. Signification et vérification.

Dans les arguments précédents, nous avons souvent utilisé le principe selon lequel le sens d’un énoncé ne peut être donné qu’en indiquant la manière dont la vérité de l’énoncé est vérifiée. Quelle est la justification