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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/214

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de ce principe ? Cette question a été très disputée dans la philosophie moderne, et elle mérite assurément toute notre attention, car, si je ne me trompe, c’est le principe fondamental du philosopher, et sa négligence est la cause de tous les troubles graves de la métaphysique.

L’objet de toute proposition est d’exprimer un fait. Il semble donc que, pour énoncer le sens de la proposition, il faille indiquer le fait qu’elle exprime. Mais quelle étrangeté ! Le fait en question n’est-il pas déjà indiqué par la proposition elle-même ? En effet, nous nous sommes convaincus depuis longtemps (voir ci-dessus p. 6 f) qu’une proposition exprime son propre sens, qu’elle n’a pas besoin d’explication. Une explication qui en dirait plus que la proposition elle-même ne serait pas une explication correcte de celle-ci, et si elle disait la même chose que la proposition, elle serait superflue. En fait, lorsque nous entendons quelqu’un faire une déclaration et que nous lui demandons « Que voulez-vous dire par là ? », nous obtenons et attendons généralement comme réponse une simple répétition de la première déclaration, mais avec des mots différents, et très souvent nous sommes satisfaits de cette procédure qui n’est rien d’autre qu’une traduction d’une langue dans une autre. Pourquoi sommes-nous satisfaits ? Évidemment parce que nous n’avons pas compris la première expression, mais que nous comprenons la seconde.

Cette dernière remarque nous donne l’indice pour résoudre le paradoxe. Nous ne pouvons demander un sens que tant que nous n’avons pas compris un énoncé. Et tant que nous n’avons pas compris une phrase, elle n’est en fait rien d’autre qu’une série de mots ; il serait trompeur de l’appeler une proposition. Une série de mots (ou d’autres signes) ne doit être considérée comme une proposition que lorsqu’elle est comprise, lorsque son sens est saisi. Si nous acceptons d’utiliser nos termes de cette manière, il n’y aura aucun sens à demander la signification d’une proposition, mais nous pouvons très bien demander (et c’était notre problème actuel) la signification d’une phrase ou de n’importe quel complexe de signes que nous supposons exprimer quelque chose.

Or, le processus par lequel on donne un sens à une phrase ou on la transforme en proposition n’a rien de mystérieux : il consiste à définir l’usage des symboles qui interviennent dans la phrase. Et cela se fait toujours en indiquant les circonstances exactes dans lesquelles les mots, selon les règles de la langue particulière, doivent être utilisés. Ces règles doivent être enseignées en les appliquant dans des situations déterminées, c’est-à-dire que les circonstances auxquelles elles s’adaptent doivent être effectivement montrées. Il