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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/139

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À LA MÊME PLACE

— Merci ! dit Maroussia.

— Oh ! tu peux être tranquille ! Il faut que tu saches que je me moque de tous les dangers… Il viendra un jour, — bientôt peut-être, — où je taillerai en pièces tous les ennemis de notre Ukraine ! Veux-tu entrer par cette petite porte ? Viens par ici, les fraises sont de ce côté. Sais-tu quel est mon projet ? Tu ne sais pas ?

— Non, dis-le-moi.

— Eh bien, mon projet est de tomber sur le camp des Tartares ou des Turcs, de les assommer et de faire leur chef prisonnier… Qu’en dis-tu ?

— Ce serait glorieux, répondit sérieusement Maroussia.

— Glorieux ! n’est-ce pas ? Il y a bien eu une demoiselle de campagne, en France, qui en a chassé tous les ennemis.

— Oh ! dit Maroussia, dont les yeux jetèrent des flammes, qu’elle a dû être heureuse !

— Elle a été brûlée, repartit Tarass.

— C’est égal, c’est égal, dit Maroussia, c’est la plus heureuse des femmes.

— Père te racontera son histoire, si tu veux. C’est une dame française qui la lui a dite à la ville. Ici on ne sait pas ces histoires-là. La demoiselle s’appelait Jeanne d’Arc.

— Jeanne d’Arc, dit Maroussia, les yeux pleins de larmes, Jeanne d’Arc ! l’heureuse fille ! »