Aller au contenu

Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
MAROUSSIA

faisait tout simplement plaisir, comme au petit Tarass, d’admirer cette course rapide et d’écouter les hennissements du noble animal qui emportait le soldat. D’une main le vieux fermier caressa son chien, qui s’approchait de lui en remuant la queue en guise de félicitation sans doute, et il se couvrit les yeux de l’autre pour se garantir des rayons ardents du soleil.

Après avoir regardé ainsi pendant quelques minutes, qui parurent très-longues à Maroussia, il se dirigea vers la maisonnette. Il allait tout doucement, sans se presser, jetant d’un côté et d’un autre le regard d’un propriétaire économe et vigilant qui a souci de réparer le désordre accidentel survenu dans sa maison.

« Grand-père ! s’écria Tarass qui courut après lui, dis donc, où campe l’ennemi ? Je crois bien qu’il est à la Vélika-Jarouga, mais…

— Ah ! vous êtes là, mes enfants ! » dit le vieux fermier d’une voix affectueuse.

Il s’arrêta en branlant la tête avec bonhomie :

« Vous êtes-vous bien amusés au jardin ? Êtes-vous fatigués ? Avez-vous faim ? Eh bien ! venez, venez, on vous servira de bonnes choses, le soldat n’a pas tout mangé. Suivez-moi ; dépêchez-vous ! »

Et il marcha devant eux, un bon sourire sur les lèvres, toussotant parfois comme un bon vieux brave homme. Tarass et Maroussia trottinaient à sa suite.