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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/157

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LE VRAI KNICH.

En un clin d’œil, la bouteille et le verre qui avaient servi au soldat avaient été enlevés par Maroussia. Une fenêtre avait été ouverte, l’air pur était entré, et l’odeur désagréable et pénétrante de l’eau-de-vie fut remplacée par l’odeur appétissante d’un bon pâté chaud. Une jolie jatte de crème fraîche fut mise à part pour le dessert.

Tarass, quoique très-soucieux de savoir exactement le lieu où campait l’ennemi, ne se laissait pas abattre. Il mangea comme un petit loup ! Les morceaux disparaissaient dans sa bouche comme par enchantement ; on eût dit qu’il ne les avalait point, qu’il les lançait derrière lui.

Mais Maroussia mangea peu. Tandis que ses petits doigts effilés cassaient le biscuit, ses yeux ne pouvaient se détacher de la figure du vieux Cosaque.

« Grand-père ! écoute-moi, grand-père ! cria Tarass qui n’avait plus faim ; si ce soldat galope vers les Stary-Kresty, cela veut dire que l’ennemi ne campe plus à la Vélika-Jarouga ? Pas vrai, grand-père ?

— Je le présume, mon enfant, je le présume, répondit l’affable, l’indulgent grand-père, en présentant encore aux enfants quelques pâtisseries. À propos ! tu me rappelles une chose : il faudrait voir ce que deviennent les filets à pêcher que nous avons tendus l’autre jour à l’endroit que tu m’avais conseillé. Il se peut que nous ayons déjà attrapé quelques magnifiques brochets ; qu’en penses-tu ?