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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/158

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MAROUSSIA

— J’ai tout à fait oublié ces filets ! s’écria Tarass, oui, tout à fait !

— Eh, eh, maître sans-souci ! dit Knich en souriant.

— Sais-tu quoi, grand-père ? Je ne comprends pas du tout comment j’ai pu n’y plus penser ! »

D’un bond il se trouva au milieu de la chambre et resta là devant le vieux grand-père, les yeux tout ronds, la bouche pincée, ayant l’air d’un personnage sérieux qui se trouve tout à coup dans une position équivoque peu en rapport avec ses habitudes d’ordre et de ponctualité.

« J’y vais, j’y cours ! » s’écria-t-il enfin ; et s’élançant par la porte, on n’entendit plus que sa voix qui appelait son chien à lui, Riabko, le fils de Corbeau.

Alors, tout devint silencieux. Maroussia était enfin restée seule avec le vieux fermier. Celui-ci la regardait maintenant avec attention ; il la regardait d’une façon si étrange que son cœur commença à battre comme un petit marteau.

Sous ses yeux venait de s’opérer, dans toute la personne de Knich, un changement soudain. Le vieux paysan s’était subitement transformé. Au lieu d’une figure de bonhomme simple, un peu poltron, un peu vaniteux de ses pâtés, de ses liqueurs et de ses autres biens terrestres, elle voyait maintenant briller sous ses sourcils des yeux étincelants, dont le regard entrait en elle comme la pointe d’un poignard ; toutes