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LE VRAI KNICH.

les rides de son front avaient disparu comme par enchantement. Ses traits s’étaient dessinés rigides et sévères. L’homme tout entier avait grandi. Ses épaules étaient plus larges, sa stature vraiment imposante.

Pendant quelques instants, Maroussia regarda Knich, comme un petit oiseau fasciné. Knich parla. Sa voix ne ressemblait pas plus à la voix qui tout à l’heure disait des choses prévenantes au soldat Ivan qu’un violon de maître ne ressemble au violon d’un pauvre aveugle mendiant son pain de la charité des passants.

Il lui dit :

« Maroussia, ton ami désire te voir. Il n’est pas loin. Veux-tu savoir ce qu’il a à te dire ? »

Les yeux de Maroussia répondirent pour elle, la joie lui avait ôté la voix ; mais Knich l’avait comprise et lui avait fait signe de le suivre.

Il sortit, arriva d’un pas ferme dans la cour. Les yeux de Maroussia cherchèrent du côté de la vieille cave le tas de pierres couvertes de mousses et de plantes sauvages d’où la voix de son ami était arrivée jusqu’à elle ; mais Knich ne se dirigea point de ce côté.

Après avoir bien regardé de tous côtés, Knich siffla. Le grand chien Corbeau, qui se tenait près de la porte cochère, en deux bonds fut près de son maître, s’assit sur ses pattes de derrière, et, attachant ses yeux intelligents sur le fermier, attendit.