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MAROUSSIA

de capuches, d’uniformes usés ou troués, — quelques-uns par les balles, — il tira une grande barbe blanche et une défroque bizarre qui semblait avoir appartenu à quelque vieux musicien ambulant. À côté était un théorbe de forme ancienne et rare en bon état. Il ne manquait rien au déguisement : la perruque, les moustaches, les sourcils mêmes, étaient en parfait rapport avec la barbe.

« Ceci, dit-il gaiement, c’est mon affaire. Cherchons maintenant ce qui peut convenir le mieux à Maroussia.

— Maroussia t’accompagnera ? » dit Knich, tout en secouant un vieux manteau.

À cette question, qui semblait mettre en doute qu’elle dût suivre partout l’envoyé jusqu’à ce que le but de son voyage fût rempli, le visage si doux d’ordinaire de Maroussia prit une expression où l’indignation le disputait à la colère.

« Que dirait mon père, que dirait ma mère et que dirait-il, lui (elle montrait Tchetchevik), si je ne faisais que la moitié de mon devoir ?

— Mais sais-tu, fillette, où il va ? reprit Knich, sais-tu qu’il va où l’on peut mourir, et qu’il n’est pas probable qu’on puisse en revenir sain et sauf ?

— N’est-ce pas pour cela même que je serais lâche de le quitter ? répondit l’enfant rouge de honte.

— Ah ! la brave fille ! s’écria Knich ; tiens, il faut