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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/169

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ON SE REVOIT

que je t’embrasse ; fasse Dieu que mon Tarass te ressemble !

— Si Tarass avait mon âge, dit Maroussia, il ferait ce que je fais. Ne s’occupe t-il pas, à chaque instant, le petit, d’exterminer à lui seul tous les ennemis de l’Ukraine ?

— C’est vrai, c’est, ma foi ! vrai, dit Knich ; il ne pense déjà qu’à ça. »

L’envoyé cherchait, cherchait dans les costumes, — il s’agissait de déguiser Maroussia ; — rien ne lui convenait, il rejetait tout.

« Ils lui vont si bien, ses jolis habits ! quel dommage qu’on ne puisse les lui laisser ! Ceci est affreux. disait-il, et ceci plus affreux encore. »

Il examinait un à un ceux des pauvres vêtements qui auraient pu aller à la taille de la petite fille, et il les jetait au rebut.

« Il n’est pas nécessaire non plus qu’elle ait l’air d’une mendiante, » se disait-il. Il venait de repousser sur le tas un costume tout déguenillé, qui n’avait pu appartenir qu’à quelque malheureuse petite fille attendant son pain de la charité des passants. Maroussia le releva.

« Il faut que j’aie l’air d’une mendiante, dit-elle. Il faudra peut-être que je sois une mendiante. Je choisis ce costume. Ces guenilles sont mon affaire. »

Elle courut alors dans un coin sombre, et, se dépouillant vivement de sa jolie parure, en un clin