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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/17

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L’UKRAINE

famille une maison dans la campagne. L’être le plus difficile se serait contenté de cette habitation.

Danilo avait hérité de cette maisonnette ; son père, qui la tenait de son père, lequel la tenait aussi du sien, la lui avait transmise en mourant. Je ne sais combien de générations de Tchabane avaient passé par là.

Et notez bien ceci : quel que soit le désert que vient habiter une famille ukrainienne, le premier printemps la couvrira de fleurs. Donc, vous pouvez imaginer quel paradis de fleurs devait être la maison de Danilo, après que tant de générations de Tchabane avaient ajouté leur part de fleurs aux fleurs de leurs ancêtres.

D’ailleurs, il faut dire que la maison de Danilo n’aurait jamais pu offrir l’image d’un désert. Tout au contraire, située comme elle l’était, entre une steppe immense et une vaste forêt, entre une profonde rivière et une prairie veloutée, entre une haute montagne et une fraîche vallée, elle était, dès qu’elle apparaissait, ravissante à voir.

Au nord, se déroulait la steppe sans fin, la steppe embaumée. On eût dit un océan de verdure, émaillé de fleurs. Au sud, s’élevaient les montagnes tantôt boisées et verdoyantes comme des émeraudes, tantôt incultes et pierreuses. La délicieuse vallée, tout à fait solitaire, sans chemins ni sentiers, s’étendait dans l’est. La rivière, d’un bleu sombre, arrosait la