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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/18

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MAROUSSIA

prairie. Ici elle coulait reflétant l’azur du ciel au milieu des joncs flexibles, là elle s’engageait entre les rochers sombres et bouillonnait sous une arche de granit grisâtre.

Grand Dieu ! qu’il faisait bon dans ce coin du monde ! Quand le soleil se levait, la prairie couverte de rosée étincelait comme une pluie de diamants. Les oiseaux, cachés dans les joncs, commençaient à voleter et à chanter, et un léger voile de vapeur, doré par les rayons du matin, se balançait mollement au-dessus de la rivière. Grand Dieu ! qu’elle était parfumée, cette tranquille vallée sous le premier regard du soleil !

Et les sommets des montagnes ? Ils brillaient comme du métal. Et la forêt ? Elle se réveillait tout doucement. Et la steppe ? Elle miroitait d’ombre et de lumière aussi loin que l’œil pouvait percer ses profondeurs et ses clartés.

Ceci est l’aurore, la matinée ; mais, le jour, comment vous le peindre ? Une inondation de lumière sous une voûte azurée, les chants de triomphe des oiseaux, le murmure des flots, toute la nature en plein bonheur.

Pour la soirée, ces soirs paisibles et roses de l’Ukraine, vous devinez : les étoiles se montrant peu à peu pour faire fête à la lune, celle-ci paraissant dans sa douce majesté, et, à l’horizon, des bandes violettes de couleurs variées jetant leurs derniers feux, rayant