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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/173

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ON SE REVOIT

en pensant à eux, — aux petits frères aussi, — à eux et à l’Ukraine, — et à celui dont ils m’ont fait la fille pour tout ce temps d’épreuve. Je baise la main de mon père sur la tienne, Knich, et je te dis adieu et merci.

— Ah ! chère petite, dit le vieux paysan, que Dieu te conduise ! mais tu ne seras jamais à ta place que dans son paradis. »

Tchetchevik aurait été le père de sa petite compagne, qu’il ne l’aurait pas regardée plus tendrement ni plus fièrement.

« Sais-tu, dit-il à Knich, que ce roseau sera mon soutien ? »

Knich inclina la tête, et son mouvement voulait dire : « En vérité, tu as raison. » À part lui, il pensait : « Mon Tarass à moi est encore trop petit. »

Knich mit alors le théorbe dans la main de la petite mendiante.

« Allons, il est temps de partir, dit-il. Je veux vous mettre sur votre route et rentrer avant la nuit au logis. »

Il les fit sortir du souterrain par une autre issue, qui les conduisit dans une arrière-petite cour où s’entassaient de vieilles roues, de vieilles carrioles démantibulées, des outils et des charrues hors de service. À les voir bientôt passer sur la route, personne n’aurait reconnu en eux ceux qui tout à l’heure encore étaient dans le souterrain. Le vieux