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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/248

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MAROUSSIA.

— Vous n’y êtes pas, s’écria quelqu’un de la foule. Elle est vêtue si simplement que, sans ses yeux de diamant noir, on la prendrait pour une autre.

— Elle s’habille comme une simple bourgeoise, dit un jeune Cosaque ; elle ne fait pas la grande dame, et elle est partout où elle peut faire le bien sans être aperçue.

— Pardon ! dit le rapsode, j’ai, je le vois, blasphémé votre sainte, mais elle n’y a rien perdu. Je vous ai donné, du moins, l’occasion de lui rendre hommage. Pourriez-vous me dire, jeune homme, quels sont ces beaux seigneurs richement vêtus qu’on rencontre partout dans la ville ? seraient-ils des saints, eux aussi ?

— Des saints ! Ah ! non, par exemple ! mais ce sont des altesses, des princes moscovites. Ne le devinez-vous pas à leur allure imposante, à leurs yeux qui ne s’ouvrent qu’à demi, à leurs nez dédaigneux plus hauts que leur tête ? Ce sont les hôtes de notre ataman. Il y a huit jours, la maison en était pleine, les amis de l’Ukraine s’en inquiétaient. Mais, grâce à Dieu et à l’influence de Méphodiévna sur sa sœur et sur l’ataman son beau-frère, bon nombre, dit-on, déjà sont partis.

— Partis ! et pourquoi ? qui gênaient-ils, ces hommes superbes ?

— Eh ! eh ! demandez-le à Méphodiévna ; elle trouve peut-être que le moment n’est pas bien choisi, quand