Aller au contenu

Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
À GADIATCH.

— Ah ! elle jouit donc d’une très-grande faveur ? C’est certainement un grand bonheur pour elle !

— Faveur ! s’écria d’un air courroucé un vieillard dont les yeux, sous des sourcils en broussailles et grisonnants, jetaient des flammes, comme deux fenêtres bien éclairées illuminent le dessous d’un toit de chaume. Faveur ! un tel mot est-il fait pour s’appliquer à une telle femme ? Méphodiévna, sachez-le, est de trempe à ne se soucier des faveurs de qui que ce soit. Un regard jeté sur elle suffira à vous le faire comprendre. Elle est droite comme une flèche, et on s’aperçoit aisément qu’elle n’a jamais courbé la tête devant personne.

— Elle est donc bien fière, demanda le vieux musicien, et par suite bien difficile à approcher ? C’est de l’orgueil, alors ! »

Et il ajouta d’un ton sentencieux :

« L’orgueilleux n’est qu’une bulle de savon : il ne s’enfle que pour crever.

— Mais que dites-vous là, vieillard ? s’écria une femme âgée, à figure respectable, dont les yeux brillaient d’indignation. Que dites-vous là ? C’est de l’honneur de la cité et du pays que vous parlez. Méphodiévna est une flamme bienfaisante, une lampe dans nos ténèbres.

— Pour être si brillante, repartit l’entêté musicien, il faut donc qu’elle ne marche qu’étincelante de diamants, couverte de pierreries, vêtue d’or ?