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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/250

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MAROUSSIA.

Le bon père jeta un regard bienveillant sur le vieillard et sur l’enfant.

« Mon père, dit le chantre, j’ai compris que le plus grand feu ne peut que s’éteindre au milieu du désert, tandis que le bois humide lui-même pétille et flambe quand il tombe au milieu du foyer ; et j’ai fui le désert par le besoin de voir et de retrouver des hommes. »

Le père Mikaïl, en entendant ces mots, tressaillit. Ses yeux limpides et doux se fixèrent sur le vieux pèlerin avec une attention particulière.

Il inclina sa tête en signe d’adhésion aux paroles du vieillard et lui dit :

« Si tu viens de loin, mon frère, si tu as traversé tout le pays, tu as dû voir bien des douleurs et traverser bien des dangers. Les chemins ne sont pas sûrs…

— Celui qui est nu, répondit le rapsode, n’a pas peur qu’on lui vole sa chemise. Celui qui n’a que sa vie à perdre ne tente guère les voleurs, et celui qui n’a pas peur de la mort peut aller partout. »

Le bon pasteur tressaillit de nouveau.

— Nos blés sont-ils sur pied ? » demanda-t-il au rapsode.

Le père Mikaïl fit cette question avec lenteur, appuyant sur chacun des mots de sa question, pourtant si simple.

« Nos blés, répondit le chantre, dans quelques contrées sont déjà couchés par terre, et ce ne sont pas toujours les propriétaires qui les ont fauchés.