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MAROUSSIA.

Elle allait passer tout près de Maroussia, elle arrivait à la dernière marche. La petite fille osa la retenir par la manche de sa chemise brodée.

« Madame, lui dit-elle, vous avez laissé tomber ce mouchoir, » et elle lui présentait un mouchoir rouge.

La jeune femme s’arrêta, regarda le mouchoir rouge, puis la petite qui le lui présentait, et répondit :

« Merci ! ma jolie enfant, j’aurais été fâchée de le perdre. »

Personne, je crois, si ce n’est Maroussia, n’avait vu tomber ce mouchoir.

Les grands yeux de l’aimable femme enveloppèrent l’enfant dans leur profond regard et allèrent, avec intérêt, d’elle au vieux musicien. « Tu n’es pas des environs, dit-elle à l’enfant, je ne t’ai jamais vue ; viens-tu de loin, ma mignonne ?

— De bien loin, lui répondit Maroussia.

— Je comprends alors pourquoi tu as l’air fatigué. De quel point de l’Ukraine viens-tu donc ?

— Cette petite tête ne saura jamais retenir tous les noms des lieux qu’elle a visités, dit le vieux chanteur. Nous avons vu bien des choses et bien des gens, madame, du bon et du mauvais, des champs dévastés par les batailles et des blés, dernier espoir de l’Ukraine, encore sur pied. Mais, grâce à Dieu ! nous avons trouvé notre chemin ; comme on dit chez nous :