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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/310

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MAROUSSIA.

voir une fois encore celui qu’elle venait de quitter avec tant de regret. Il n’y avait plus personne à la lisière de la forêt. La fusillade n’avait pas continué. Redevenue silencieuse, la forêt n’était plus qu’une longue montagne d’ombre.

Maroussia repartit ; de fatigue il n’était plus question, son ami l’avait désiré ; elle avait des ailes. Le champ de sarrasin est dépassé, voici le petit pont, elle y dépose ses deux couronnes. Un bruit sourd avait frappé son oreille. Elle écoute, le bruit se rapproche et se fait sonore. Ce doit être celui d’un cheval lancé au galop. Le cavalier est-il un ami ou un ennemi ? Ce n’est pas un Cosaque. De loin on dirait un Tatare. Quand elle voyageait avec le vieux rapsode, ils évitaient toujours ces Tatares. Elle revient sur ses pas, repasse le pont. C’est égal, les couronnes y sont, c’est autant de fait. Maroussia est contente. Elle va se cacher dans les joncs. Le cavalier arrive à bride abattue ; l’aurait-il aperçue ? Elle espère que non. Mais à peine Maroussia avait-elle fait quelques pas à travers ces joncs qui poussaient au bord du ruisseau, qu’un coup de feu était parti. Le mouchoir rouge, ainsi que la jolie tête qu’il recouvrait, était tombé au milieu des roseaux. On eût dit une perdrix arrêtée dans son vol.

Le cavalier tatare a dépassé le pont. Il veut s’assurer que son coup a réussi ; du haut de son cheval, il cherche, il aperçoit le gracieux corps étendu. Ce n’est qu’un enfant ! Mais qu’est-ce que c’est que ce mou-