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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/309

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LE PETIT MOUCHOIR TROUÉ.

arrange-le sur ta tête, ce mouchoir, on le verra plus vite et de plus loin, et sur tes cheveux blonds cela fera très-bien.

— Mais toi, tu vas donc rester là ? Il faut se méfier de tout dans cette forêt… T’y retrouverai-je ? »

Tout en faisant cette question, elle disposait d’une main tremblante le mouchoir rouge sur sa tête.

« Je resterai là, lui répondit son ami, et, si je ne puis pas y rester, je saurai toujours te rejoindre. Est-ce que rien peut nous séparer ? »

Cette fois ce fut un coup de fusil qui répondit pour l’enfant, et puis un autre encore. De dix côtés à la fois la fusillade se faisait entendre, non pas tout près, mais pas bien loin.

« Ils sont rentrés dans le bois, ils reviennent à la charge, dit Pierre. Dans cinq minutes ils peuvent être là. »

Le lion s’était redressé. Pierre lui avait mis un de ses pistolets dans la main dont il pouvait se servir encore.

« Tu entends ? dit Tchetchevik à Maroussia. Va ! cours ! vole, si tu peux ! et oublie tout le reste. C’est pour l’Ukraine et pour la grande amie. Le petit mouchoir lui parlera de toi… »

Maroussia partit comme un trait. Cependant, quand elle fut arrivée au sentier du champ de sarrasin, là où il fallait quitter le chemin, la petite gazelle ne put résister à l’envie de se retourner pour tâcher de