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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/308

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MAROUSSIA.

pont, — à gauche, de l’autre côté : le moulin et le petit bois, l’homme et le mouchoir. C’est là qu’il faut arriver. Dépêche-toi, ma chérie, dépêche-toi, voici le mouchoir… »

Ce mouchoir était tellement pareil à celui qu’elle avait présenté une fois à la belle-sœur du seigneur ataman, qu’elle se demanda si ce n’était pas le même, et si une fois encore il ne lui était pas destiné.

Maroussia prit le mouchoir, et tendant le front à son ami, elle lui dit :

« Tout sera fait comme tu l’as dit. »

Tchetchevik s’était baissé, non sans effort, pour l’embrasser. Mais en se relevant, elle l’avait bien vu, il avait chancelé ; sans Pierre, qui s’était hâté pour le retenir, il serait tombé… Maroussia s’aperçut alors qu’elle avait du sang sur sa manche.

« Ton sang ! lui dit-elle ; où es-tu blessé ? est-ce au bras ? laisse-moi te le bander. Tu sais, Méphodiévna avait fait de moi une bonne infirmière.

— Sois raisonnable, Maroussia, dit le grand ami. J’ai passé à travers tout jusqu’ici sans être presque touché. Ce n’était pas juste. Je n’avais pas ma part. Cette blessure n’est rien. Un coup de feu dans le bras n’est pas une affaire. Nous ne nous sommes pas mis en route pour manger des fraises. Pierre arrangera cela. Va donc, ma chérie, et hâte-toi. Nous causons trop. Si tu parviens à porter ce mouchoir à celui qui l’attend, ce sera une très-bonne chose. Mais j’y pense,