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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/307

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LE PETIT MOUCHOIR TROUÉ.

« Ne crains rien, Maroussia, lui dit Tchetchevik, celui-là est un ami, un ami sûr et fidèle. »

Maroussia aperçut au milieu des branches un paysan de haute taille qui lui fit un salut respectueux, mais amical. Il est évident que ce n’était pas la première fois qu’il voyait Maroussia.

« C’est mon camarade Pierre, dit Tchetchevik ; regarde-le, c’est un chêne, lui aussi.

— Il est presque plus grand que toi, » dit-elle bien étonnée.

Pierre écartait, brisait les branches devant Maroussia. Il marchait à reculons et son regard inquiet ne quittait pas Tchetchevik.

Maroussia vit bien qu’il pensait que son grand ami avait besoin d’aide. Mais Tchetchevik, qui s’appuyait d’arbre en arbre, lui disait :

« Va donc, Pierre, ce n’est pas à moi qu’il faut penser, c’est aux autres. Il faut à tout prix leur éviter de tomber dans cette embuscade maudite. »

Pierre, ainsi réprimandé, bouscula tout ; les branches pliaient ou se rompaient sous le poids de son corps et sous ses pieds, comme sur le passage d’un taureau. Maroussia ne s’attendait pas à sortir si vite de la forêt. Le grand ami était parvenu à la suivre. Il tenait à lui renouveler encore ses recommandations.

« Tu vois le chemin, — le champ de sarrasin et son sentier sont à droite, — au bout du sentier le petit pont, — les deux couronnes resteront sur le petit