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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/53

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LA PETITE MAROUSSIA.

Une fois là, l’enfant s’arrêta sous un grand cerisier, et de sa main pressa son cœur comme pour en arrêter les battements. Ce petit cœur battait à se rompre. Sa tête était en feu. Des larmes coulaient toutes chaudes de ses yeux. Elle était triste, triste à en mourir, mais non abattue. Elle croyait au salut, sans savoir d’où il pouvait venir. La brise rafraîchit son front et apaisa l’agitation de sa poitrine. Elle écouta. S’était-on aperçu de sa fuite ? Le murmure confus, mais monotone, des voix des soldats, venait jusqu’à elle, et la rassura. Jusqu’à elle aussi les cris et les rires des officiers, dont aucune consigne ne réglait les ébats. Ils riaient, eux, mais elle, qu’allait-elle faire ? Son regard se reposa sur cette maison qui renfermait encore tout ce qu’elle avait aimé et vénéré…

Que ces lieux lui étaient chers, et que chère aussi lui était toute son Ukraine ! L’enfant se mit à genoux et baisa de ses deux lèvres brûlantes cette terre qu’elle allait peut-être abandonner.

« Mon Dieu, dit-elle, aide-moi ! » Elle se releva fortifiée. Tout était incroyablement paisible sous les branches fleuries. Elle fit quelques pas en avant. Avec précaution, elle pénétra à droite dans le taillis. Mais rien. Alors, elle prit à gauche, écoutant toujours, respirant à peine. Son œil interrogeait toutes les ombres ; — elle scruta jusqu’aux moindres réduits. Cherchait-elle quelqu’un ?

La voici enfin sous les grands pommiers tout au