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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/54

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MAROUSSIA

bout. Comment ! rien encore, ni personne ? Tout autour, elle a regardé une dernière fois. À la clarté des étoiles, on eût pu voir combien elle était pâle et anxieuse.

Elle eut un mouvement d’effroi ; un oiseau plus troublé qu’elle avait brusquement quitté son nid. Elle eut aussi un sentiment de dépit. Un papillon réveillé par elle s’était jeté follement sur sa figure, et elle avait tressailli. Était-elle donc si faible ?

Elle demeura longtemps appuyée contre un arbre dont le feuillage la protégeait, la cachait. La brise semait les fleurs blanches des pommiers sur le vert gazon. Elle se disait : c’est comme la neige ! Elle craignait que le frémissement des feuilles arrêtât un autre bruit, le faible indice que sa tête penchée et son oreille tendue semblaient attendre, attendre toujours.

Ah ! à quelques pas d’elle, entre deux arbres, se dresse… Elle ne se trompe pas ? N’est-ce qu’une ombre ? Non : c’est la grande et svelte figure de l’ami nouveau pour qui souffre son père, sa mère aussi, — pour qui comme eux elle bravera tout. — La figure n’est plus immobile, elle glisse comme un serpent à travers les branches des arbres. Elle cherche, bien sûr, le petit passage caché qui conduit à la rivière.

D’un pas rapide Maroussia court après elle. Bientôt la rivière bruit. Une haie seule en sépare l’envoyé. Par-dessus cette haie il se penche et regarde, et, au