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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/62

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MAROUSSIA

presque pas le ciel à travers les cimes des grands arbres touffus. De chemins ou seulement de sentiers, il n’y avait pas même apparence tout autour. Le mari ne restait guère avec sa femme. Chaque soir, il l’embrassait et lui disait : « À bientôt, ma chère femme ; » puis il partait avec ses compagnons, et il restait quelquefois deux, trois et même dix jours absent.

— C’était très-mal, dit l’envoyé.

— Quand il revenait, il causait beaucoup plus avec ses camarades qu’avec sa femme. Il lui donnait toutes sortes de bijoux et de parures, c’est vrai ; mais cela ne contentait pas la jeune mariée, elle n’était pas coquette ; elle se sentait très-malheureuse et fut prise peu à peu d’un violent chagrin.

« Elle se dit : « Puisque la vie est si triste, je veux mourir. Oui, c’est fini… »

« Mais la vie est plus longue que ça. Le proverbe a bien raison : « Le chagrin revient souvent, mais la mort ne vient qu’une fois. » Un jour qu’elle avait été laissée toute seule dans le grand château sombre, et que, malgré les pensées noires qui lui passaient par la tête, elle se sentait très-vive et très-alerte, elle se dit :

« Pourquoi resterais-je ainsi, assise et sans remuer, à attendre la mort ? Allons nous promener un peu. Je trouverai aussi bien la fin de mes maux dans le parterre que dans le coin de cet appartement. »