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UN CONTE DE BRIGANDS.

— En général, ils sont plus raisonnables sous ce rapport.

— Plus raisonnables, repartit Maroussia d’un air entendu ; alors raisonnable voudrait dire qu’on ne désire pas assez une chose pour la faire ?

— Sais-tu, petite fille, que ce que tu dis là ne manque pas tout à fait de bon sens ? dit l’envoyé de la Setch en riant. Cependant, il serait plus sage de dire « qu’il est plus raisonnable de ne rien trop désirer. » Mais, continue, Maroussia. Cette pauvre jeune femme a-t-elle fini par ouvrir la porte ?

— Oui, reprit la petite. Tant que dura le jour elle s’occupa à tailler le bois de la porte, et c’est ainsi que, à force de tailler et de tailler sans cesse, elle parvint à faire sauter les serrures et à entrer dans la chambre inconnue. D’abord elle se crut dans une boîte, il y faisait tout à fait noir. Contente d’y avoir pénétré, elle n’avait pu retenir, en y mettant les pieds, un ah ! de satisfaction. Mais voilà que des quatre angles de la chambre noire, son ah ! lui revint. Cela l’étonna, mais pas au point de lui faire peur ; elle en conclut, après réflexion, que cela voulait dire que la chambre était sonore parce qu’elle était très-peu ou pas du tout meublée. En effet, ses yeux, en s’habituant à l’obscurité, virent que sa déduction était juste, et que c’était pour cela que l’écho lui avait renvoyé plusieurs ah ! à la place du sien. Elle tâtonna encore et encore. Ses doigts ne