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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/71

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UN CONTE DE BRIGANDS.

suivaient. Ils avaient tous l’air de sortir, comme par magie, de cette enceinte de verdure. Il n’y avait pas trace de chemin frayé à l’endroit où ils lui apparaissaient.

« Elle avait eu tout juste le temps de se mieux cacher dans le fourré. Elle put examiner son mari. Il était descendu de cheval et s’avançait à pas lents. Combien il avait l’air triste, et combien fatigué ! Sous l’impression de quelles sombres pensées baissait-il les yeux ?

« Que n’est-il autre ? se dit-elle ; à être vu ainsi, il ferait quelque pitié. » Quant à ses compagnons, ah ! qu’ils étaient farouches ! quelles effrayantes figures !

« Son mari passa sans s’en douter tout près d’elle ; les autres passèrent aussi. Elle remarqua avec horreur que plusieurs avaient des taches rouges sur leurs vêtements.

« Bientôt la voix de son mari se fit entendre. Il l’appelait.

« Non, le moment n’était pas venu où elle pouvait s’enfuir à jamais. Elle sortit courageusement du fourré et se présenta devant lui.

« — Vous êtes bien pâle, lui dit-il, et l’on dirait que vous tremblez. Vous aurez eu froid sous ces arbres ; ne vous y aventurez plus désormais. »

« Tirant de sa poche un petit objet :

« — Tenez, dit-il, j’ai pensé à vous. »