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MAROUSSIA

« Cela le distrait, » pensait-elle.

Elle aurait bien voulu abréger, mais peut-être alors comprendrait-il moins bien, et d’ailleurs ils avaient le temps, elle de tout dire, lui de tout entendre ; la cabane de la steppe, l’étable aux grands bœufs, étaient encore loin.

Elle reprit donc :

« La jeune dame descendit de nouveau dans le parterre. Elle examina le réseau d’arbres, le mur vert qui l’entourait comme une barrière. Les arbres étaient si serrés les uns contre les autres, ils s’élevaient si haut, qu’elle ne pouvait apercevoir leurs cimes qu’en se penchant en arrière.

« Pourtant, se disait-elle, quand ils s’en vont tous, ils savent bien trouver un passage ; cherchons par là d’abord, » et elle prit sur sa droite. Mais elle avait à peine fait quelques pas qu’elle entendit comme le bruit d’un piaffement de chevaux.

« Elle s’arrêta, retenant son haleine, et, protégée par le tronc d’un gros arbre, se mit à écouter. Elle ne s’était pas trompée, c’était bien le bruit que peut faire une troupe de cavaliers marchant avec précaution sur un terrain difficile.

« Faut-il attendre, faut-il avancer ? » pensa-t-elle. Elle se répétait intérieurement pour la vingtième fois cette question, quand elle aperçut le visage pâle de son mari sortant du taillis dont ses mains écartaient les branches. Ses compagnons habituels le