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UN CONTE DE BRIGANDS.

tendre, le bruit de quelqu’un ou de quelque chose qui serait tombé ou se serait jeté dans la rivière.

« Rassure-toi, dit l’envoyé, c’est quelque animal, une loutre peut-être, qui a voulu traverser l’eau, peut-être un gros poisson qui a fait un de ses sauts hors de l’eau et qui a sauté plus haut qu’à l’ordinaire.

— Oui, oui, dit Maroussia, ce n’est que cela. Et revenant tout de suite à l’histoire :

« Comment faire, en effet ? » se disait la jeune dame. La forêt inextricable entourait de tous les côtés sa demeure. On n’y voyait aucune issue. Certainement elle pouvait se glisser, au risque de beaucoup de déchirures, entre les épais taillis. Mais après ? savait-elle où cela la conduirait ! Il est si facile de s’égarer dans toute forêt ! Qui pouvait dire si, après une longue journée de marche, elle ne se retrouverait pas à son point de départ, en face de son mari irrité ? « Comment faire, comment faire ? » se répétait-elle à elle-même.

« Dussé-je périr en route, se dit-elle à la fin, il faut que je me sauve, et je me sauverai. »

— Voilà ce qui s’appelle avoir du vrai courage, » dit l’envoyé.

Malgré les graves préoccupations qui l’assiégeaient, il était très-attentif au récit que, tout en marchant, sa petite compagne lui faisait. Par la manière dont il y plaçait de temps en temps son mot, Maroussia s’en aperçut et cela lui faisait plaisir.