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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/68

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MAROUSSIA

« Elle se dit en frémissant : « Mon mari est un chef de brigands. Notre château est pire qu’une caverne. » Et cela lui fit une peine affreuse. »

Maroussia se tut un instant. Sa petite main s’était glacée dans la grande main de l’envoyé. L’envoyé de la Setch s’en était bien aperçu. L’histoire était trop épouvantable ; il se reprochait d’avoir excité son pauvre petit guide à la dire. Ils marchaient toujours. Les algues et les joncs bruissaient sur le bord des eaux tranquilles, la brise les agitait à peine.

« Restes-en là de cette histoire, dit l’envoyé à Maroussia, cela te ferait du mal d’aller jusqu’au bout, surtout si c’est plus terrible encore.

— Plus terrible peut-être ; mais qu’importe ? c’est le bout qu’il faut que tu saches pour bien comprendre mon idée. Et, s’étant raffermie, Maroussia continua :

« La jeune mariée avait beaucoup à réfléchir sur ce qu’elle venait de découvrir. Elle demanda à Dieu de l’inspirer.

« Avant tout, il fallait sortir de l’épouvantable souterrain. Elle en sortit, referma la trappe, remit la lanterne à sa place, tira bien toutes les portes derrière elle, et, plus morte que vive, elle rentra dans sa chambre. Elle était plus malheureuse cent fois depuis sa découverte, et cependant elle ne voulait plus mourir, elle voulait se sauver.

« Mais comment faire ? »

Ici Maroussia tressaillit. Un bruit s’était fait en-