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UN CONTE DE BRIGANDS.

ruban-là et ainsi se mettront à ma poursuite par le chemin que je n’aurai pas pris. » Pour les dépister, ce n’était pas mal trouvé, dis ?

— C’était très-bien trouvé, fit l’envoyé.

— Contente d’avoir pensé à cela, comme une biche elle se jeta dans le sentier du mouchoir brodé. Elle y courut toute la journée. La soirée vint ; l’obscurité était si complète, qu’elle ne savait plus ce qu’elle avait au-dessus de sa tête, si c’était voûte de rochers ou dôme de feuillage.

« Marchons toujours, toujours, se disait-elle, quand la lassitude la prenait. Dieu qui m’a conduite ici ne m’y abandonnera pas. » Tout à coup elle se heurta. Le chemin faisait là un brusque détour ; mais au lieu de se plaindre du mal qu’elle venait de se faire, elle fut tout près, dans sa surprise, de pousser un cri de joie.

« Toutes les étoiles du ciel brillaient enfin au-dessus de sa tête ; aucune voûte ni de pierres ni de branches entre-croisées ne pesait plus sur elle, elle était dans une grande clairière !

— Ah, tant mieux ! dit l’envoyé, cela me soulage pour elle. »

Maroussia, pour toute réponse, hocha la tête et lui serra la main plus fort.

« Malheureusement, la pauvre femme du chef des bandits n’eut pas longtemps à se réjouir, car elle entendit tout de suite très-distinctement des voix,