Aller au contenu

Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
MAROUSSIA

jupon en morceaux pour s’en faire des bandages. Pourrait-elle marcher ? Elle perdait beaucoup de son sang.

« Mais il fallait marcher, elle marcha. Elle marcha péniblement ; ses bras et son côté avaient été atteints par les coups de pique. Peu à peu, le mouvement même la ranima.

— J’aime cette vaillante, dit l’envoyé.

— Elle s’aperçut alors qu’elle était sur une grande route frayée ; cela ajouta à son courage. Mais, malgré tout, elle n’aurait pas été loin et se sentait faiblir, quand par grand bonheur elle entendit un bruit de roues.

« Une énorme voiture chargée d’une montagne de foin, — écoute-moi bien, — s’avançait lentement, traînée par deux bœufs vigoureux, aux grandes cornes recourbées. À côté de la voiture marchait un vieux homme qui chantait nonchalamment une chanson guerrière.

« Elle hâta le pas et parvint à rattraper la voiture et son guide :

« Sauvez-moi, dit-elle au vieillard. Par pitié ! Je n’ai pas la force de gagner à pied le village ! »

« Mais en même temps elle entendit au loin les cris des brigands qui revenaient sur leurs pas. Le lever du jour les forçait de rentrer, sans doute. Il n’est pas possible à des gens comme ceux-là de voyager à ciel clair.