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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/85

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UN CONTE DE BRIGANDS.

« Je suis perdue, dit-elle au vieux. Ces gens qui viennent sont des bandits et mon mari est leur chef.

« Cache-toi dans le foin, lui dit le vieux, et reste tranquille, si tu peux. Alerte ! »

— Le brave vieux ! dit l’envoyé.

— Bien vite elle fut cachée dans le foin et s’y tint sans remuer. En peu de temps les brigands furent à portée de la voiture qui avançait lourdement.

« — Hé, toi ! cria le chef au vieux, qui marchait à côté de ses bœufs en fumant sa pipe, n’as-tu pas rencontré sur ta route une jeune femme qui semblait s’enfuir ?

« — Une jeune femme ? répéta le vieux en se frottant le front comme pour y chercher ses souvenirs…

« — Eh oui ! une jeune femme ?

« — Tiens ! une jeune femme…

« — Veux-tu répondre ?

« — Pourquoi pas ?

« — Alors, réponds.

« — Je n’ai pas vu de jeune femme.

« — En es-tu sûr ? Cependant elle devait faire le même chemin que toi…

« — Ah ! vous savez ! je ne dis pas non ; mais je n’ai rien vu. Je n’ai pas déjà les yeux si bons depuis tantôt deux ans. Que voulez-vous, on vieillit, on n’est pas éternel.