Aller au contenu

Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
LA FUITE.

« Tu as des ailes, lui dit l’envoyé.

— Père m’appelait son petit écureuil, » répondit l’enfant avec fierté.

Elle regarda aussi, mais regarda d’un seul côté, du côté de la maison de ses parents.

« Vois-tu là-bas, dit-elle, vois-tu ? Regarde pour moi, mes yeux ne voient pas bien en ce moment, — il me semble pourtant que tout y est tranquille.

— Oui, oui, dit l’envoyé, tout semble dire : repos.

— Ils dorment, tous ceux que j’aime, après avoir prié pour nous bien sûr ; prions pour eux. »

Et les regards humides de l’enfant s’élevèrent jusqu’à Dieu !

« Heureux ton père, heureuse ta mère, dit l’envoyé, d’avoir une telle enfant ! »

Plus calmes, plus forts, ils redescendirent de la meule. Ils firent encore quelques pas et arrivèrent, en descendant, à une haie vive qui entourait un petit vallon.

« C’est ici ! dit Maroussia. Descendons encore ; aide-moi à soulever la barre de la porte. Voici les bœufs ; les vois-tu ?

— Je les vois, ils sont magnifiques ! »

Les deux bœufs, couchés sur l’herbe, restaient immobiles comme deux grosses montagnes. Maroussia caressa de sa petite main les deux têtes cornues. Un sourd mugissement bienveillant répondit aux caresses de la petite fille.