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Page:Vallée-Poussin, Blonay - Contes Bouddhiques.djvu/12

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semé de dangers surhumains et vous êtes aveugle, comment resteriez-vous ici ? » Le thera répondit : « Longue vie à toi, ne crois pas cela : quand même je devrais mourir étendu sur le sol, je ne partirais pas avec toi », et il dit cette stance :


Ah ! j’ai perdu les yeux ; me voici dans un chemin impraticable ;
Je n’irai pas avec toi : on ne fait pas sa compagnie d’un fou !
Hélas, j’ai perdu les yeux, me voici dans un chemin impraticable :
Je mourrai, je ne partirai pas : on ne fait pas sa compagnie d’un fou !


L’autre se troubla à ouïr ces paroles et se dit :

« J’ai, hélas ! commis une action grave, irréfléchie et irrégulière », et étendant les bras il s’élança en criant dans un bosquet d’arbres. Et par l’éclat des vertus du thera le trône de pierre Pandukambala, trône du roi des dieux, long de soixante yojanas, large de cinquante, de la couleur des fleurs du Jayasumana, siège qui a la vertu de s’élever et de s’abaisser, ce trône s’échauffa. Çakka se dit : Qui donc désire que je quitte mon siège ? et regardant de son œil divin il aperçut le thera. C’est pourquoi les anciens ont dit :

« L’Indra des dieux qui a mille yeux éclaircit son œil divin et ce Pâla qui blâme le péché vécut une vie de sainteté.

« L’Indra des dieux qui a mille yeux éclaircit son œil divin, et auguste de vertu Pâla était assis, ferme dans la religion. »

Çakka ensuite se dit : « Si je ne vais pas vers ce vénérable qui blâme le péché et qui est auguste de vertu, ma tête éclatera en sept morceaux ; j’irai donc vers lui. » L’Indra des dieux aux mille yeux, qui porte la majesté de la royauté divine, s’approcha en un instant de Cakkhupâla, et comme il n’était plus loin du thera, il fit entendre le bruit d’un pas, et alors le thera demanda :

« Qui est là ? — Moi, un voyageur ! — Où vas-tu, laïc ? — À Sâvatthi, ô vénérable ! — Eh bien, vas-y, longue vie à toi. — Et toi, ô vénérable, où iras-tu ? — Moi, je vais au même endroit. — Si nous allions de compagnie ? — Oui, mais je suis faible, et cela te retardera si tu vas avec moi. — Je ne suis pas pressé, et si je vais avec un vénérable j’accomplirai une des dix actions vertueuses. Allons ensemble. »

Le thera pensa avoir affaire à un brave homme : « Eh bien