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Page:Vallée-Poussin, Blonay - Contes Bouddhiques.djvu/13

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prends le bout de mon bâton, laïc, » dit-il. Çakka fit ainsi, et par sa vertu raccourcissant le chemin ils arrivèrent vers le soir au Jetavana. Le thera avait entendu que le chemin se raccourcissait : « Qu’est-ce que ce bruit ? — Nous avons marché vite, je connaissais le chemin direct, vénérable. »

Alors le thera se dit que ce n’était pas à un homme, mais à un dieu qu’il avait affaire.

Celui qui a mille yeux, l’Indra des dieux qui porte la majesté de la royauté des dieux, arriva à Sâvatthi. Il conduisit le thera dans une hutte de feuillage que son frère cadet lui avait apprêtée, il le fit asseoir sur un lit, et s’approcha ensuite du frère du thera sous la forme d’un de ses bons amis en lui criant : « Ça va bien, Pâla ? — Qu’est-ce qui va bien ? — Tu sais bien que le thera est arrivé. — Comment donc ? mais, je n’en savais rien, le thera est là ? — Oui, parfaitement, je viens d’aller au monastère, je l’ai vu le thera assis dans la hutte que tu lui as fait faire, et j’en viens. »

Là-dessus il s’en alla. Le maître de maison alla au monastère, vit le thera et honora ses pieds, et voyant son état : « Eh bien, vénérable ! je ne t’avais pas permis de quitter ce monde. »

Il envoya deux de ses esclaves auprès du thera, lui fit apporter du village du riz bouilli et d’autres mets à manger et ordonna qu’on servît le thera. Les novices, une fois leur tâche accomplie, le servaient.

Un jour, des bikkhus qui demeuraient dans un autre pays, étant venus à Jetavana se dirent : « Allons voir le maître. » Ils l’honorèrent et virent aussi les quatre-vingts theras en faisant la tournée des monastères. Arrivés à la cellule de Cakkhupâla : « Allons le voir aussi », dirent-ils. Le soir ils voulurent aller vers lui ; mais au même moment un grand nuage s’éleva et ils dirent : « Maintenant voilà le soir et un grand nuage s’élève, nous irons le voir demain matin. »

Pendant la première veille il plut ; durant la veille moyenne le temps s’éclaircit ; le thera qui avait repris ses forces et faisait des promenades, descendit pour se promener durant la dernière veille, et sur les chemins dont le sol était fraîchement détrempé s’élevèrent de nouveau de nombreux moucherons ; le thera en