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Page:Vallée-Poussin, Blonay - Contes Bouddhiques.djvu/14

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écrasa beaucoup en se promenant, et les domestiques ne balayaient pas là où le thera se promenait.

Et les bikkhus se dirent : « Allons voir maintenant la résidence du thera », et voyant les insectes écrasés dans le promenoir : « Qui donc s’est promené ici ? » demandèrent-ils. — C’est, le maître, répondit-on. — Voyez l’acte du Samaṇa : quand il y voyait, il se couchait, dormait et ne faisait pas de mal, maintenant qu’il a perdu les yeux, en voulant se promener, il a tué une masse d’insectes. Croyant faire bien il faisait mal. »

Ils allèrent dire au Tathâgata : Seigneur, le thera Cakkhupâla en se promenant a fait mourir beaucoup d’insectes. — Est-ce que vous l’avez vu comme il les tuait ? — Nous ne l’avons pas vu, seigneur. — De même que vous ne l’avez pas vu, lui ne voit pas les insectes ; pour ceux dont les passions sont épuisées il n’y a pas de pensées de meurtre, ô bikkhus. — Respectable, puisqu’il était prédestiné à être Arhat pourquoi donc est-il devenu aveugle ? — Par l’effet d’une action qu’il a lui-même commise. — Qu’a-t-il fait ? — Écoutez, bikkhus. Autrefois, comme régnait le roi de Bénarès, un certain médecin parcourait villes et marchés en pratiquant son métier. Il vit une femme faible des yeux et lui demanda : De quoi souffres-tu ? — Je ne vois pas de mes yeux. — Je vais te donner un remède. — Donne, maître. — Et toi, que me donneras-tu ? — Si tu peux me rendre les yeux dans leur état normal, je serai ton esclave et mes fils et mes filles aussi. — Bien. Et le médecin prépara un remède et les yeux de la femme revinrent à leur état normal par l’effet d’un seul remède, et la femme pensa : « J’ai promis que je serai son esclave ainsi que mes fils et mes filles, et il se conduira sans douceur avec moi ; je m’en vais le décevoir » et elle répondit au médecin qui était venu demander comment elle allait : Avant, je souffrais un peu des yeux, maintenant ils me font très mal. Le médecin se dit : Cette femme se moque de moi et ne veut rien me donner, je n’ai pas besoin de cette esclave, je vais donc la rendre tout à fait aveugle. Il rentra chez lui, raconta la chose à sa femme qui resta silencieuse, composa un remède qu’il alla donner à la femme en lui disant : Enduis-en tes yeux, ma chère. Elle le fit et ses deux