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Page:Vallée-Poussin, Blonay - Contes Bouddhiques.djvu/18

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apaisa son esprit. Le maître dit : C’en est assez pour lui, puis s’en alla. Comme le Tathâgata s’éloignait de plus en plus de ses yeux, Maddhakuṇḍali, l’esprit calme, ayant fait son temps, comme endormi et soudain réveillé, renaquit dans le monde des Devas dans un palais volant tout d’or, long de trente yojanas.

Le brahmane brûla le corps de son fils, puis fut tout occupé à gémir au cimetière ; il y allait tous les jours et pleurait : « Où donc es-tu, mon fils unique, où donc es-tu ? »

Et le devaputto ayant considéré sa renaissance heureuse réfléchit ainsi : « Par quelle action ai-je donc mérité ce bel état ? » Et il reconnut qu’il le devait à son apaisement en Buddha. « Quand j’étais malade, ce brahmane ne m’a même pas donné de remède, et maintenant voilà qu’il va pleurer au cimetière ! il serait convenable de changer cela. » Alors sous ses traits de Maddhakuṇḍali, le devaputto s’approcha tout près du cimetière et pleura en étendant les bras.

Le brahmane le vit : « Moi je pleure à cause du gros chagrin de la mort de mon fils, mais celui-ci pourquoi pleure-t-il ? Il faut que je lui demande. »

Il dit alors cette stance :


Toi qui as des boucles d’oreilles si bien polies, qui es richement habillé, qui portes des guirlandes de jeunes pousses de bois de santal, tu agites les bras, et tu gémis, pourquoi es-tu chagrin ?


L’autre répliqua : « J’ai un char, tout d’or brillant, mais je ne puis pas trouver des roues pour lui, voilà le chagrin qui me tue. »

Alors le brahmane dit : « Dis-moi ce qu’il faut d’or ou de pierres précieuses, ou de cuivre ou d’argent, pour que je te fasse avoir une paire de roues, bon petit garçon. »

En entendant cela, le garçon se dit : « Il n’a pas même fait les remèdes nécessaires pour son fils, et quand il voit quelqu’un qui ressemble à son fils il lui dit : « Je te ferai une roue de char en or. — Va ! je trouverai moyen de te punir. » Et il dit au brahmane : Et combien grande la feras-tu la paire de roues pour moi ? — Aussi grande que tu voudras. — Il me faut la lune et le soleil,