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Page:Vallée-Poussin, Blonay - Contes Bouddhiques.djvu/9

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Les bikkhus, à l’heure où l’on va recueillir les aumônes, vinrent et dirent : « Lève-toi, c’est le moment d’aller recueillir les aumônes. — C’est le moment ? Longue vie à vous. — Oui, vénérable. — Eh bien, allez-y. — Et vous, vénérable ? — J’ai perdu mes yeux. Longue vie à vous. » Ils regardèrent ses yeux et, se mettant à pleurer :

« Vénérable, ne vous mettez point en souci, nous veillerons sur vous. »

Ils réconfortèrent le thera, remplirent leurs devoirs et ensuite allèrent au village. Les gens, comme ils ne voyaient pas le thera, disaient : « Vénérables, votre directeur où est-il ? »

Ayant ouï l’événement ils envoyèrent du riz, et prenant eux-mêmes une sébile à aumônes ils allèrent pour honorer le thera, ils honorèrent les plantes de ses pieds et lui parlèrent en pleurant :

« Ô vénérable, nous veillerons sur toi, ne t’inquiète pas, » et après l’avoir consolé ainsi ils repartirent.

Dès lors quotidiennement ils envoyèrent au monastère du riz pour manger, et le thera adressait sans cesse des exhortations aux soixante bikkhus qui se conformaient strictement à ses exhortations, de sorte qu’à la fête de clôture qui suivit, tous ensemble ils obtinrent l’état d’Arhat avec les facultés surnaturelles et quand la saison des pluies fut passée, désireux de voir le maître, ils dirent au thera :

« Vénérable, nous sommes bien désireux de voir le maître. »

Le thera à ces mots pensa :

« Moi je suis très faible, à mi-chemin il y a une forêt que ne fréquentent pas les êtres humains, si je vais avec eux, tous seront fatigués et seront incapables de mendier, je les enverrai donc en avant », et il leur dit : « Longue vie à vous ! allez en avant. — Et toi vénérable ? — Je suis faible et à mi-chemin il y a un bois qui n’est pas fréquenté par les êtres humains. Allez en avant, si je vais avec vous, vous serez tous fatigués. — Non, vénérable, ne fais pas ainsi, nous irons avec toi, dirent-ils. — Ne faites pas cela, vous ne me feriez pas plaisir. Quand mon frère cadet vous aura vus, il vous questionnera, alors racontez-lui comme quoi j’ai