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ÂME BLANCHE

dents qui claquent et ne peut deviner que la petite souffrance cinglante imposée à mon Corps nu par cette fraîche arrosade me fait tressaillir. N’est-il pas entendu, d’ailleurs, qu’il faut m’affermir par tous les moyens, afin de combattre et de vaincre les effets désastreux de ma première et trop douillette éducation chez ma mère ?

Une autre fois, c’est au printemps, par un midi radieux, dans une prairie proche Ganshoren, sur le plateau de Koekelberg : Wantje est venue là avec une lavandière, porter la lessive annuelle qu’on mettra à blanchir sur le gazon, loué dans ce but à des métayers. Les deux femmes, avant de l’étendre, rincent leur linge dans un ruisseau qui contourne la prairie. Elles m’ont amenée, mais ne songent guère à moi. Or, il y a, à deux pas, un verger tout en fleurs, où je me glisse et où je prends plaisir à me promener seule, sous l’éclat bleu du ciel, sous la blancheur candide des pétales qui, parfois, au souffle d’une très faible brise, s’envolent et me font courir, toute perdue, pour les rattraper.

Puis, c’est un dimanche de kermesse, en plein été : ma grand-mère a fait du riz au lait, qu’elle a mis à refroidir dans ses plus précieuses assiettes de Delft, rangées en bel ordre, sur le buffet, dans la salle à manger d’apparat. Je suis montée